Entretien avec Martin Koller, directeur de l’InnoPlattform Bio

Quelle est l’importance de la culture maraîchère bio dans le Seeland ?

Le Seeland est le potager de la Suisse. Ainsi, dans la partie fribourgeoise du territoire, près d’un hectare sur trois est cultivé en bio. La bonne nouvelle est que, désormais, cette part augmente également dans la région bernoise. 

Qu’est-ce qui distingue la culture maraîchère bio dans le Seeland ?  

Ce qui caractérise le Seeland est que l’ensemble de la palette maraîchère y est cultivée. Des cultures de plein champ comme les carottes aux différentes variétés de salades en passant par les tomates en culture protégée. Il y a aussi des spécialités typiques du Seeland, comme par exemple les salsifis, au goût si délicat qui se plaisent particulièrement dans les sols du Seeland. 

Quelles sont les plus grands défis pour les maraîchers:ères bio ? 

Les grandes variations climatiques sont une grande préoccupation pour nous, il semblerait qu’il n’y a désormais plus d’année « normale ». Soit c’est le déluge comme en 2021, où certains champs étaient sous l’eau pendant tout un mois ou alors c’est la canicule et la sécheresse comme en 2022. Or, c’est justement quand le soleil cogne sur le champ qu’il est très compliqué de faire germer la semence. Nous avons dans le Seeland de bonnes conditions pour faire pousser les légumes ainsi qu’une bonne infrastructure. Mais le revers de la médaille est aussi une prévalence de nuisibles et de maladies.

Quel rôle joue l’InnoPlattform Bio dans le soutien aux producteurs:rices ? 

Nos producteurs sont nombreux à disposer d’une longue expérience en culture maraîchère bio ou à avoir adopté les principes de l’agriculture biologique depuis plusieurs générations. Grâce aux contacts très étroits que nous entretenons, nous connaissons leurs besoins et pouvons fournir ou établissons le contact vers des personnes susceptibles de les aider. A cet égard, il est important de toujours tenir compte du « regard de l’extérieur » sans oublier le « regard vers l’extérieur ». C’est pourquoi nous effectuons régulièrement des tournées des champs avec des experts et organisons des excursions. 

L’une des missions principales de l’InnoPlattform consiste à relier la pratique à la recherche et vice-versa. L’un de nos atouts majeurs est le fait que nous connaissons bien les deux côtés. 

Quels sont les travaux qui vous occupent en ce moment ? 

Le petit monde des maraîchers:ères est en plein ébullition en ce moment. Il faut encore procéder aux derniers réglages, car les premiers plantons qui sont prêts doivent ensuite être plantés au plus vite dans de bonnes conditions puis être protégés des intempéries grâce au géotextile. Il faudra également semer les variétés précoces de carottes et les oignons dès que les conditions le permettront. Cela requiert toujours une coordination optimale afin de ne pas travailler le sol trop tôt, mais quand même dans des conditions optimales. 

L’année a commencé avec des températures exceptionnellement élevées. Qu’est-ce que cela signifie pour les cultures ? Cela a-t-il un impact ? 

Pour être franc, cela sème la zizanie dans les cultures en serre et en tunnel. Les températures élevées bouleversent la planification des récoltes. Surtout que ce ne sont pas seulement les températures qui sont élevées, mais aussi l’humidité. Préserver la santé des cultures est par conséquent une véritable gageure. En plein champ, il manque une période de gel prolongée qui favorise une bonne structure du sol et contribue à réduire les nuisibles tels que les escargots et les souris. Pas plus tard que ce matin, une limace est passée sous mon nez ! 

Entretien réalisé le 12 janvier 2023